Overblog
Editer la page Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
/ / /
LA GRANDE MAREE NOIRE…

gulf tmo 2010119 1Ces dernières semaines, l'actualité environnementale s’est focalisée sur cette catastrophe dans le golfe du Mexique. La grande marée noire survenue après l’explosion d’une plateforme pétrolière.

 

Durant ces deux derniers siècles, les grandes marées noires ont été des événements spectaculaires et tragiques, qui ont jalonnées l'histoire du transport maritime d'hydrocarbures.

Plusieurs grandes catastrophes se sont produites : la plus importante fut celle de la tête du puits sous marin d'Ixtoc One, dans le golfe du Mexique où 600 000 tonnes de pétrole brut se sont déversées dans l'océan entre juin 1979 et février 1980 (soit trois Amoco Cadiz!!), mais il y a eu aussi en 1967, le Torrey Canyon; en 1978 l'Amoco Cadiz; en 1989, naufrage-petrolier.jpgl'Exxon Valdez. En 1991, la marée noire dans le golfe persique consécutive à la guerre du Koweït et bien sûr Erika en décembre 1999. Elles ont toutes fortement perturbées la faune et la flore marine.

Jusqu'à présent, les plus importantes marées noires étaient dues au naufrage ou à l'échouage de tankers. Il était donc aisé de savoir quelle quantité de pétrole allait se déverser au maximum: celle contenue dans les cuves du navire.

Au large du golfe du Mexique, la terrible marée noire s’est formée après l’explosion, la semaine dernière, d’une plate forme pétrolière Deepwater Horizon exploitée par BP (British Petroleum). maree-noire-louisianne 510La marée noire alimentée par un puits de pétrole sous marin à 1.524 m, a touché hier dans la soirée les côtes de Louisiane et a été déclarée par le Président OBAMA « catastrophe nationale ». Elle laisse encore échapper 1000 barils de pétrole par jour (Un barils de pétrole = 159 litres (masse volumique du pétrole 860 g/litre). Elle pourrait être plus grave encore que celle de 1969 au large de Santa Barbara, qui avait entraîné l’adoption d’un moratoire sur les forages en mer, et plus grave encore que la catastrophe de l’Exxon Valdez en 1989 qui avait souillé près de 1500 kilomètres de côtes en Alaska.

En faisant un petit calcul, comparé à la catastrophe causé par l’Amoco Cadiz, super tanker Libérien qui avait déversé 227 000 tonnes d’hydrocarbure. La pollution de la plateforme Deepwater Horizon devrait durer 329 jours pour répandre autant de pétrole…

nappe-sur-le-gulf.jpgl'US National Oceanic and Atmospheric Administration, qui étudie la catastrophe sur place et depuis les airs, parle désormais d'un flot cinq fois plus important, soit environ 5.000 barils par jour. Et BP évoque une nouvelle fuite, non identifiée jusqu'à présent. On parle aussi aujourd’hui de l’étendue de la pollution – entre 10 000 et 74 000 km2, même si ce dernier chiffre me semble exagéré, étant donné les photos satellites (avec rapport d’échelle) diffusées par la Nasa.

Les médias parlent donc de l’extension de la surface de la nappe sans préciser que cet étalement va de pair avec un amincissement de la couche… On laisse donc penser que plus la nappe est grande plus les dégâts seront de grande ampleur, ce qui est faux, la concentration en hydrocarbure est une donnée cruciale. 1er point.

Deuxième point, la référence à Exxon Valdez omet de préciser que cette catastrophe ne fut pas quantitativement exceptionnelle, elle n’est ainsi pas dans la liste des 21 plus importantes en termes de volumes, bien que son site d’épanchement particulièrement fragile (îles Marshall, Alaska) en fit une réelle catastrophe écologique aux images impressionnantes.
Cet ensemble de points tend à faire penser à une forme de catastrophisme peut être involontaire. Les conséquences seront catastrophiques vu la fragilité des écosystèmes dans le delta du Mississipi (Cf. “bye-bye bayou” publié sur Libération).

En faîte, Au total, trois fuites laissant s'échapper jusqu'à 800 tonnes de pétrole par jour ont été repérées au niveau du puits et le long du tuyau qui le relayait à la plate-forme. Mais le débit pourrait être multiplié par 20 si toute la tête de puits venait à lâcher, déclarait dimanche soir le commandant des garde-côtes américains, l'amiral Thad Allen.Mexique

La compagnie pétrolière britannique BP a commencé samedi à forer des puits de secours afin de réduire la pression à l'intérieur du conduit existant. Cela permettrait également d'injecter un enduit spécial pour boucher définitivement le puits accidenté. Mais l'opération devrait prendre entre 30 et 90 jours… Au rythme actuel, la quantité de pétrole déversée dans la mer pourrait atteindre 75.000 tonnes. Dans l'immédiat, des navires et des avions ont déversé des milliers de mètres cubes de produits dispersants. Lees secours ont également incendié les plaques de pétrole retenue dans des barrages ignifugés mais les arrêts sont fréquents à cause de la houle. Au total, des centaines de km de barrages flottants ont été déployés pour protéger les zones côtières les plus fragiles. Enfin, une partie des eaux du Mississippi, le plus grand fleuve du pays, a été détournée vers les marais pour tenter de repousser la marée noire. Les efforts réalisés jusqu’ici pour tenter d’endiguer la nappe de pétrole ont été vains (le forage d’un puits de secours prendrait plusieurs mois, tout comme la construction d’un couvercle sous-marin, et brûler la nappe ajoute une pollution atmosphérique à la pollution maritime).

Solution

L’essentiel est donc de boucher la fuite au plus vite. Les tentatives de fermer la vanne à l’aide de robots sous-marins n’ont toujours pas réussi. Les employés de British Petroleum ont donc mis en œuvre une nouvelle technique : l’injection de produits dispersants dès la sortie du puits. « Les ingénieurs de BP devraient annoncer incessamment le résultat de cette opération », indique Christophe Rousseau.

Une "cloche" de 70 tonnes

CLOCHE2.jpgParallèlement, BP doit tenter une autre première : l’encapuchonnage de la sortie du puits à l’aide d’une « cloche » de 70 tonnes en cours de fabrication en Louisiane et qui devrait être mise à l’eau d’ici une semaine. En réalité, il s’agit d’un cube en béton ou en métal d’où partira un tuyau acheminant le pétrole jusqu’à des barges en surface. Le cube devra se poser sur le fond vaseux puis se stabiliser grâce à ses rebords plats. Ensuite, il faudra brancher un tuyau jusqu’à la surface. Tout ceci à 1500 m de profondeur, piloté depuis la surface grâce à des caméras sous-marines et six robots sous-marins. La mise en place risque donc d’être très complexe !
Enfin, BP envisage le forage d’un puits de secours qui nécessitera deux ou trois mois de travaux. Les Australiens ont mis en œuvre cette technique en 2009, dans une situation identique. Ils ont bien réussi à boucher la fuite, mais le gaz s’est enflammé et la plate-forme a pris feu. Aujourd’hui le puits est fermé et les ingénieurs, ne s’expliquent pas ce qu’il s’est passé.

La sécurité : Les limites de la technologie et des investissements de BP dans la sécurité
La plateforme Deepwater Horizon est pourtant récente : elle a été construite en 2001 et était censée être équipée des technologies de pointe. À partir de cette plate-forme, BP forait le puits de pétrole le plus profond du monde (plus d’une dizaine de km). Pour exploiter cette plateforme, BP payait la somme de 181 millions de dollars par an à Transocean, soit 500 000 dollars par jour environ. La plate-forme était équipée de nombreux systèmes technologiques « dernier cri » destinés à améliorer son rendement et à limiter les périodes d’arrêt. Malheureusement, aucun système ne permettait d’actionner sa mise à l’arrêt à distance. Elle était seulement équipée d’un dispositif censé prendre automatiquement le relai en cas de défaillance humaine ou de détection de panne, et fermer immédiatement le puits. Mais le système n’a pas fonctionné.

En Norvège et au Brésil, par exemple, les dispositifs d’arrêt à distance sont obligatoires. Le coût de ces systèmes a été évalué par les industriels à 500 000 dollars. Depuis 2000, le Minerals Management Service (MMS : service de gestion des minéraux, organisme gouvernemental chargé d’attribuer les autorisations de forage aux USA) envisageait de rendre obligatoire l’utilisation de ces interrupteurs à distance. Mais les industriels se sont opposés à ce projet. En 2003, le MMS a affirmé que l’utilisation de systèmes de commande à distance n’était pas recommandée, car « ces dispositifs ont tendance à être très onéreux». (BP a réalisé six milliards de dollars de bénéfices et dépensé 3,5 millions de dollars en activité de lobbying, rien qu’au cours du premier trimestre 2010.)

La compagnie pétrolière britannique affirme qu'elle en assume "la pleine responsabilité".  Entre le nettoyage, les amendes et les indemnisations, elle pourrait finir par payer cher.

En 1989, après que son navire eut déversé 40,9 millions de litres de pétrole au large de l'Alaska, Exxon avait payé  4,3 milliards en nettoyage et en frais légaux. A combien s'élèvera la facture de BP?

 

 Le nettoyage

BP dépense actuellement 6 millions de dollars par jour. De fait, elle a mis en œuvre de gros moyens (32 bateaux, 5 hélicoptères, 1000 personnes), et ce n'est que le début. L'agence d'évaluation financière Fitch Ratings estime que le nettoyage pourrait lui coûter entre 2 et 3 milliards de dollars

L'amende.

En théorie, la loi Oil Pollution Act de 1990 prévoit une amende maximale de 3000 dollars par baril déversé dans la nature

Sachant que 5000 barils de pétrole s'écoulent par jour, il ne restera plus à BP qu'à faire le calcul une fois la fuite stoppée.

Les indemnisations

BP bénéficie du Oil Spill Liability Trust Fund qui a été constitué en 1990 après le naufrage d'Exxon Valdez. Ce fond, qui prélève 8 cents sur chaque baril produit ou importé aux Etats-Unis, dispose d'1,6 milliard de dollars destinés à couvrir les dommages.

BP est poursuivi depuis cet incident pour "négligence" et "pollution" par des éleveurs de crevettes de Louisiane qui réclament des millions de dommages et intérêts. BP finira-t-elle par payer cette somme ?

Après tout, elle représente une simple goutte de pétrole pour une compagnie dont le bénéfice au premier trimestre a été de 6,079 milliards de dollars...

LA REGLEMENTATION INTERNATIONALE

Infractions

Pour qu'une infraction à la réglementation sur les déversements d'hydrocarbures en mer donne lieu à des poursuites, il faut que le fautif soit clairement identifié. Les poursuites peuvent être engagées par l'Etat côtier si l'infraction se produit dans ses eaux territoriales ou dans sa zone économique exclusive, voire dans sa zone de protection écologique. Pour les infractions dans les eaux internationales, les poursuites relèvent de l'Etat du pavillon, à qui l'Etat riverain transmettra les pièces du dossier. Les infractions seront alors traitées par la justice de l’Etat du pavillon, selon ses pratiques et sa sensibilité à ce type d'affaire.

Prérogatives et responsabilités des Etats

Les déversements impliquent une coopération entre les autorités des Etats concernés, dans les limites des prérogatives et responsabilités de chacun.
La Convention des Nations Unies sur le Droit de la Mer (UNCLOS) de 1982 et la Convention sur la prévention des Pollutions par les navires et sur la protection du milieu Marin (MARPOL) de 1973/1978 définissent les pouvoirs de répression des Etats concernés par un acte illégal de pollution marine : l'Etat du port, l'Etat du pavillon, l'Etat riverain.

accords-regionaux1La coopération européenne

Moyens de détection

L’observation aérienne est le principal outil de recherche des pollutions opérationnelles par les navires. Elle permet de repérer la pollution, de la localiser,  de la décrire précisément et le cas échéant d’identifier le pollueur. L’établissement d’un procès verbal des observations permettra d’engager une poursuite.
L’observation visuelle de la nappe dans le sillage du navire par voie aérienne, assortie de photographies en couleur, constitue le premier élément permettant d’établir l’existence d’un rejet polluant. En pratique, une série de photos sera prise montrant le navire et son sillage pollué, l’étendue du sillage (sans discontinuité), le nom du navire et les alentours. Le Cedre assure une formation dans ce domaine des navigants des patrouilles maritimes. Il a produit un guide de l’observation aérienne.

code-pollution.JPGDans son rapport, l’équipage de l’avion utilisera un code d’apparence visant à exprimer les quantités d’hydrocarbures déversées à l’aide des constatations visuelles de l’observation aérienne, code basé sur des études scientifiques menées sous l’égide de l’Accord de Bonn pour la protection de la mer du Nord.

code-apparence.jpg

 

Télédétection aérienne

La télédétection représente un moyen d’observation complémentaire à l’œil humain.

En pratique, la conviction du juge sera emportée par l'ensemble procès-verbal plus photos plus déclaration de l'agent au tribunal. Un procès verbal de contrôle des installations par un inspecteur habilité apportera au dossier la touche finale s'il signale une modification hors normes des installations de limitation des rejets d'hydrocarbures.

Les outils de demain

Les satellites font partie des nouveaux moyens de détection en cours d'évaluation, en particulier les satellites équipés d’un radar à ouverture synthétique (SAR). Ils permettent de détecter la présence d’hydrocarbures en surface de la mer. Mais ils ne sont pas en mesure d'identifier le navire source d’un déversement, ce qui empêche leur utilisation comme moyen de preuve sans recoupement avec d'autres informations.
Ils peuvent cependant dès à présent avoir un intérêt majeur pour collecter des éléments au niveau de mers entières. Ils peuvent également permettre de suivre les pollutions en provenance de sources fixes (plates-formes pétrolières, ports, ...) ou touchant des zones identifiées comme sensibles.

Les rejets volontaires d'hydrocarbures en mer ne sont pas tous illicites.

Les rejets volontaires d'hydrocarbures en mer par les navires résultent d'opérations d'entretien diverses illustrées dans le schéma ci-dessous. schem_techn-a.gifCes rejets volontaires d’hydrocarbures ne sont pas tous illicites : comme le montre le schéma, s'il est interdit en toutes circonstances de rejeter boues de fond de cuve ou des huiles usagées, il n'est pas illicite de déverser au large des eaux huileuses de fond de cale tant que leur concentration en hydrocarbures ne dépasse pas 15 parties par million (15 ppm), quelle que soit la quantité en jeu.

Un navire en route peut donc laisser dans son sillage, pendant plusieurs heures, voire plusieurs dizaines d'heures, un flot permanent d'eau huileuse, tant que la concentration de ce qui est déversé ne dépasse pas 15 ppm. Mais le déversement devient illicite, quelle que soit sa concentration, s'il intervient dans une zone maritime protégée par des réglementations nationales et internationales. La convention MARPOL 73/78 interdit ainsi tout rejet de lavage de cuve dans les « zones spéciales » : mer Méditerranée, mer Baltique, mer Noire, mer Rouge, golfe d'Aden, Antarctique, Atlantique aux approches Nord-Ouest de l'Europe du Nord-Ouest.
Ces déversements volontaires sont souvent qualifiés de « dégazages » ou de « déballastages ». Vous pouvez utiliser un mot ou l'autre, on vous comprendra. Mais sachez que, pour les spécialistes, le dégazage consiste à débarrasser une cuve de carburant ou de pétrole brut, des gaz et traces de produit qui subsistent une fois la cuve vidée. Le déballastage est l’opération qui consiste à vider de son contenu un réservoir à ballast, c’est à dire un réservoir que l’on peut remplir plus ou moins d’eau de manière à alourdir ou alléger un navire afin de lui donner une meilleure stabilité et une meilleure « assiette » (équilibre des masses sur la longueur). Une cuve à carburant ou, sur un pétrolier, une cuve à pétrole brut, vidées de leur contenu, constituent de commodes réservoirs à ballaster (remplir) avec de l’eau, pour rincer les hydrocarbures et déchets qu’ils contiennent. Cela forme des eaux souillées par des hydrocarbures, qui seront ensuite déchargées au port ou avant l'arrivée au port, de préférence dans le respect de la réglementation en vigueur.

Les navires pétroliers sont aujourd'hui rares dans les relevés de déversement illicites : ils sont devenus aujourd'hui parmi les plus respectueux de l'environnement marins, regroupant leurs fonds de cuve dans une même citerne et chargeant une nouvelle cargaison par-dessus (la pratique du "load on top" et surtout pratique du dégazage au port).

SEACO

 Un Hommage à la Planète

 


envoyé par toff48. - Découvrez de nouvelles destinations en vidéo.

 

et pour ceux qui s'intéressent au sujet de la Marée Noire :

http://fr.wikipedia.orgwikiListe_des_principales_marC3%A9es_noires#Par_importance_de_volume_d.C3.A9vers.C3.A9

http://www.lexpress.fr/actualites/1/maree-noire-dans-le-golfe-du-mexique-apres-le-naufrage-d-une-plateforme-petroliere-11-disparus_886902.html

http://fr.wikipedia.org/wiki/Exxon_Valdez

http://yannbenard.canalblog.com/archives/2010/04/28/17721346.html

http://www.youtube.com/results?search_query=maree+noire&aq=f

http://www.total.com/fr/total-en-images-900569.html&mediaId=2812

http://www.wat.tv/video/usa-pires-maree-noire-histoire-2n6dj_1xsw6_.html

http://info.rsr.ch/fr/news/USA_maree_noire_decretee_catastrophe_nationale.html?siteSect=2010&sid=12000567&cKey=1272563074000

http://www.bonnagreement.org/

http://www.helcom.fi/

http://admi.net/eur/loi/leg_euro/fr_293A1028_01.html

http://europa.eu/scadplus/leg/fr/lvb/l28084.htm

http://www.marine-marchande.net/MOU/intro.htm

http://www.ecologie.gouv.fr/Convention-de-Paris-1992-dite.html

http://www.ena.lu/convention-europol-bruxelles-26-juillet-1995-010302569.html

http://www.protectiondesoceans.info/

http://earthobservatory.nasa.gov/NaturalHazards/view.php?id=43846

http://www.lexpansion.com/economie/actualite-economique/ce-qu-il-faut-savoir-sur-la-maree-noire-au-large-de-la-louisiane_231410.html

http://www.cedre.fr/fr/publication/guides/obsaeri.php

http://www.wat.tv/video/usa-pires-maree-noire-histoire-2n6dj_1xsw6_.html

Partager cette page
Repost0